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Channel: Fiction et Droit – Un peu de droit
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Le Macron Noël est arrivé

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Notre Président Emmanuel Macron n’est pas que Jupitérien, il est avant tout faiseur de miracles. Nous sommes en effet en mesure de révéler, en exclusivité et en avant-première, que le Père Noël (dont nous avons déjà établi le peu de goût pour les règles trop contraignantes, la concurrence et les impôts élevés), réfléchirait sérieusement à s’expatrier en France et à y délocaliser ses activités de production, traditionnellement réservées aux pays nordiques.

Alors, quelles sont les raisons qui poussent le bonhomme au bonnet rouge à envisager une telle démarche ? Selon nos informations, elles seraient multiples, mais principalement liées à l’activisme réformateur de notre Président et au Grand Œuvre accompli par ce dernier depuis son élection.

Flirt de Noël, par Guillaume Beck

Le Noël du MEDEF

On le sait, l’une des principales réformes réalisées par notre Président et avalisée par les députés godillots de son parti, c’est la réforme du droit du travail. Cette dernière s’affiche sur le site du gouvernement comme visant à « renforcer le dialogue social dans l’entreprise et les branches, à simplifier le dialogue social dans les entreprises et à sécuriser les relations du travail ». En pratique, la sécurisation va cependant surtout dans un sens, celui de l’employeur. En effet, grâce à cette réforme, si le Père Noël décidait de transférer tout ou partie de ses activités en France, il pourrait profiter des mesures suivantes :

 

  • L’encadrement des indemnités prud’hommales : ces indemnités sont à présent plafonnées sauf atteinte aux droits fondamentaux, de sorte que le juge ne peut plus en principe évaluer le préjudice que subirait réellement un elfe qui serait licencié par le Père Noël : celui-ci saura à l’avance ce qu’il lui en coûtera de se débarrasser de cet elfe qui a osé demander une augmentation, de cet autre qui s’est plaint des cadences de travail, ou enfin de celui qu’il soupçonne de faire des avances à sa fille Marie-Noëlle
  • Les difficultés économiques sont désormais appréciées au niveau national : ainsi, si le Père Noël réalise des profits à l’étranger, il pourra tout de même licencier ses elfes travaillant en France pour raisons économiques si ses filiales françaises sont en difficulté.
  • La réforme du compte pénibilité : le gouvernement a annoncé la suppression, suspendue à un décret à venir, de 4 facteurs de risques prévus dans le compte pénibilité instaurée par l’ancienne majorité : concrètement, ne feraient plus parties des critères d’un travail pénible la manutention de charges lourdes, le fait de subir des postures pénibles, des vibrations mécaniques ou d’encourir un risque chimique. Bingo pour le Père Noël car ses elfes sont soumis à ces 4 critères : la manipulation de cadeaux lourds, les postures pénibles, les vibrations dues aux machines à emballer les cadeaux et les risques chimiques encourus en cas d’explosion d’une boîte du petit chimiste sont leur quotidien.
  • La primauté de l’accord d’entreprise : sur de nombreux points, l’accord d’entreprise peut à présent déroger aux accords de branche de manière défavorable aux salariés : le Père Noël pourra supprimer le 13è mois des elfes, leurs primes d’ancienneté, ou les jours de congés supplémentaires dont ils bénéficient
  • La signature d’accords sans syndicat permise : bien que le Père Noël ait toujours veillé à empêcher la constitution de syndicats par ses elfes, une telle disposition lui permettrait dans certains cas de signer des accords sans l’intervention de ces empêcheurs d’exploiter en rond
  • Le CDI de chantier étendu : grâce à cette disposition, le Père Noël pourra embaucher en elfe pour la réalisation d’un projet précis (confection d’un cadeau en particulier, emballage d’un nombre de cadeaux déterminé) et mettre fin au contrat dès la réalisation du projet, sans versement d’une prime de précarité.

Ainsi, grâce à ces mesures, le Père Noël disposerait de nombreux avantages pour exercer ses activités en France, de sorte qu’il envisagerait sérieusement une délocalisation.

Ce d’autant plus qu’il bénéficierait également de nombreux avantages personnels en cas de déménagement sous nos latitudes.

Le Noël des rentiers

En effet, Notre Président, que force et honneur lui soient accordés ainsi qu’à ses descendants, ne s’est pas arrêté en si bon chemin et a également multiplié les cadeaux à destination des plus riches en vue de les encourager à revenir ou à rester en France. Et le Père Noël, dont la fortune serait colossale, n’y est apparemment pas indifférent. Tour d’horizon des mesures dont il pourrait bénéficier :

 

  • La réforme de l’ISF : l’impôt sera renommé « Impôt sur la fortune immobilière » et se limitera à taxer les biens immobiliers non affectés à l’activité professionnelle de leur propriétaire (les usines du Père Noël ne sont donc pas concernées). Le Père Noël n’aura donc plus aucun ISF à payer sur les actions qu’il détient chez Coca-Cola ou chez Phillip Morris (si si, il y a eu des publicités pour les cigarettes mettant en scène le Père Noël !). Quant à savoir s’il entend en profiter pour investir dans des entreprises françaises, c’est une autre histoire…seul bémol, le Père Noël sera toujours taxé sur ses résidences secondaires en France, mais il se murmure qu’il négocie déjà en coulisses avec le pouvoir pour bénéficier du même avantage que les ressortissants du Qatar, largement exonérés d’ISF depuis le quinquennat Sarkzy…
  • Instauration d’une « flat tax » : dans la même lignée, la création d’un prélèvement forfaitaire unique de 30% sur les revenus du capital devrait profiter au Père Noël : concrètement, cela veut dire que quelle que soit la valeur des actions détenues par une personne, celle-ci ne sera imposée qu’à 30%, qu’il s’agisse d’un petit porteur ou d’un gros rentier fumant le cigare ou portant une barbe et un bonnet rouge. En pratique cela revient à une imposition diminuée de moitié dans certains cas…
  • Réforme de l’impôt sur les sociétés : le gouvernement prévoit de faire passer cet impôt de 33,3% à 25% sur le quinquennat, ce qui permettrait au Père Noël de réaliser d’énormes économies : en effet, ses elfes touchant un salaire de misère, sa marge bénéficiaire imposable est colossale. Une telle baisse ne pourra que lui profiter dans les grandes largeurs.
  • Enfin, citons la suppression de la taxe sur les hauts salaires dans des secteurs tels que la finance ou les assurances : bien sûr, le Père Noël ne peut pas normalement en bénéficier puisque son activité ne ressort ni du secteur financier, ni du secteur des assurances, mais là encore, il se dit qu’il est en pleine négociation avec le gouvernement pour bénéficier également de ce régime (du moins pour lui et les membres de sa famille, puisqu’il n’entend évidemment pas augmenter le salaire de ses elfes). Il serait également intéressé par l’annonce de la création de nouvelles écoles internationales pour enfants d’expatriés.

Bref, voilà un package alléchant pour tout rentier qui se respecte, et quel meilleur exemple de rentier qu’un type qui ne bosse qu’une journée par an, vit de ses revenus publicitaires, et laisse ses elfes et ses rennes faire l’essentiel du boulot à sa place ?

Ce n’est pas Noël pour tout le monde

On l’aura compris, Notre Illustre Président, qu’il en soit remercié, n’a pas ménagé ses efforts pour attirer le Père Noël dans nos filets, ce qui ne pourra que renforcer le prestige international dont jouit notre beau pays depuis son élection.

Il faudra tout de même qu’il se méfie, car rien n’est encore acquis, et le Père Noël serait déjà séduit par la réforme fiscale qui vient tout juste d’être adoptée sous l’impulsion de Donald Trump aux États-Unis. Dans notre belle économie mondialisée, la concurrence est rude pour qui veut attirer les « meilleurs » sous ses cieux…et d’ici à ce que le Père Noël soit démarché par le Prince Albert de Monaco ou le dirigeant des Îles Caïman, tous les efforts de Notre Président s’avèreront vains…

En tout cas ce qui est sûr, c’est que cette année, certains ont été particulièrement gâtés en cadeaux (et Dieu sait que c’est une catégorie de population qui en a cruellement besoin). Pour les autres, il faudra encore prendre son mal en patience…


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